Léopold III en 1955. © Belga

2 avril 1939 : la fin de l’affaire Martens

Le Vif

L’affaire Martens, c’est un dossier pourri. Un dossier qui stresse le politique, déchire l’opinion publique, fâche le Roi. Et provoque la chute d’un gouvernement. Le 2 avril 1939, après plus de six mois, ce feuilleton politico-linguistique s’achève. Mais que s’est-il donc vraiment passé ?

C’est en octobre 1938 que l’affaire commence. Le gouvernement Spaak décide de nommer parmi d’autres le docteur Adriaan Martens à l’académie flamande de médecine. Problème : la liste des heureux élus est dévoilée dans la presse avant d’être signée par le Roi. Contraint d’apposer sa signature, Léopold III est furieux. « Le chef de l’Etat, sous peine de se découvrir, se trouve parfois dans la nécessité de sanctionner des décisions prises en dehors de lui », écrit-il dans une lettre rendue publique.

Entretemps, la polémique a gagné l’opinion publique. Il faut dire que Martens n’est pas n’importe qui. Durant la Première Guerre mondiale, l’homme a collaboré avec l’ennemi. Condamné à mort par contumace, il a ensuite été gracié. Pour les cercles patriotiques et les associations d’anciens combattants, sa nomination est un scandale. Par ailleurs, un clivage se dessine entre un nord plutôt pro-Martens et un sud plutôt anti. Le gouvernement Spaak est mis sous pression. Mais pour l’heure, il tient bon.

Tournant : les libéraux, membres de la majorité, décident de faire du dossier un casus belli. « Si Martens n’est pas démissionné, nous quitterons le gouvernement », clament-ils en choeur. Fragilisé, l’exécutif finit par se disloquer. Dans la foulée, Hubert Pierlot constitue une nouvelle coalition entre catholiques et socialistes. Mais après quelques jours, la nouvelle équipe démissionne déjà sans avoir pu régler l’affaire Martens.

Seule solution : les élections. Le 2 avril, les Belges sont appelés aux urnes. Alors que la tension internationale est énorme, la campagne belge est dominée par l’ « affaire ». Rebondissement : le jour du scrutin, le docteur annonce sa démission. Bingo pour les libéraux ! Ils gagnent dix sièges à la Chambre et retournent au gouvernement. Tout l’art de choisir ses batailles…

Vincent Delcorps

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