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2.200 médecins de trop en 2018

Les facultés de médecine belge continuent de produire trop de diplômés. À l’horizon 2018, l’excédent accumulé au fil des années s’élèverait à 2.195 médecins, ressort-il du dernier rapport de planification du SPF Santé. Cette problématique, surtout marquée du côté francophone, semble désormais « difficile » à résoudre sans une nouvelle politique plus contraignante.

Des extrapolations sensationnalistes d’étudiants ? Pas du tout. Ces chiffres proviennent du dernier rapport de la Commission de planification de l’offre médicale. En 2014, nos facultés ont produit 169 diplômés en médecine de trop.

La Communauté flamande a visiblement maîtrisé ses excès. Les facultés y ont formé 672 médecins dans un cadre limité à 615 unités, soit 57 diplômés en surnombre. De leur côté, les universités francophones ont promu 112 médecins excédentaires.

Or, cette situation perdure depuis de longues années. Depuis 2004, la Belgique a diplômé 294 médecins de plus que prévu par le contingentement fédéral.

Cela ne signifie pas que ces diplômés non désirés par le SPF Santé ont été directement interdits de pratique médicale. Les facultés peuvent reporter le surplus sur les quotas des années suivantes. Dans l’espoir qu’ils viennent combler d’éventuels déficits.

Une technique de lissage complexe puisqu’elle consiste à agir sur le nombre d’étudiants admis des années plus tôt dans l’incertitude totale de leur réussite. Sans oublier un handicap supplémentaire : ce lissage n’est permis que jusqu’en 2018, année dite de la double cohorte. La durée des études de médecine ayant été réduite à 6 ans en 2012, deux promotions de médecins obtiendront alors leur diplôme de base, ce qui a amené le Fédéral a doublé ses quotas en 2018.

Voilà pourquoi le SPF Santé se montre particulièrement attentif au nombre attendu de diplômés aux alentours de 2018 et, par là, au nombre de dépassements pour les années suivantes.

Emballement

Comme pour toute planification, des précautions d’usage s’imposent. La Commission projette les résultats jusqu’en 2020 sans tenir compte par exemple des mandats de recherche scientifique, des abandons ou des décès. Il peut donc y avoir une « légère » surestimation.

D’autant plus que ce scénario prédictif ne s’appuie pas sur le fameux cadastre des médecins actifs et n’intègre évidemment pas les effets de la sélection instaurée en fin de bac1, qui ne sera appliquée qu’à l’été 2016.

Bref, le SPF Santé estime que le nombre de diplômés surnuméraires restera maîtrisé l’année prochaine, autour de 150 médecins. Abstraction faite du « filtre Marcourt », cet excédent gonflera de 200% entre 2016 (376) et 2017 (470), et s’emballera très probablement en 2018, à 902 diplômés… intégralement formés en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Encore faut-il ajouter à ces volumes le trop plein des années précédentes. A paramètres inchangés, cela représentera 2.195 médecins en surnombre d’ici 2018. Et malgré le ralentissement de l’augmentation prévu à partir de cette année, la Commission de planification pense que les universités diplômeront 2.909 médecins de trop en 2019 et quelque 3.721 en 2020 !

Urgence politique

Les prévisionnistes du SPF Santé en concluent qu’à l’horizon 2018, le nombre total de diplômés en Communauté flamande sera  » fort proche du total des quotas annuels « . Démontrant ainsi l’efficacité de l’examen d’entrée mis en place depuis 1997.

Pour les médecins francophones, la situation s’annonce  » fortement problématique », indiquent les rapporteurs sur le ton de l’euphémisme. Avant d’insister sur le fait que  » sans nouvelle mesure, il sera difficile d’équilibrer un surplus cumulé avoisinant 1.000 médecins  » par an.

La Commission souligne que le seul système ayant réussi à contenir les dépassements de quotas francophones était celui mis en place entre 1997 et 2002. Il s’agissait d’une sélection en fin de troisième année d’études.

Le rapport semble plaider, sans le formuler explicitement, pour une approche plus contraignante de l’accès aux études de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles.

La succession chaque année de rapports, où le côté alarmiste des enseignements semble enfler, devrait pousser les décideurs politiques à agir avant de devoir réagir, trop tard, face à des centaines de « médecins empêchés ». Ou dit autrement, enfin structurer l’offre médicale en fonction des besoins et non plus des pénuries programmées.

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