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« 115 réfugiés ont été pris lorsqu’ils retournaient au pays pour des ‘vacances' »

Muriel Lefevre

Lorsqu’on obtient le statut de réfugié parce que sa vie est en danger dans son pays d’origine, on ne peut y retourner: c’est contre les règles et il n’y a pas d’exceptions. Pourtant, 115 réfugiés se sont déjà fait prendre cette année annonce Francken.

Les réfugiés qui ont un statut officiel ne peuvent pas, durant un certain laps de temps, retourner dans leur pays d’origine. Même pour une visite familiale ou pour des « vacances ». Car s’ils sont ici, c’est parce qu’ils craignent pour leur vie dans leur pays d’origine et c’est pour cela que la Belgique leur accorde sa protection. Le fait d’y retourner peut laisser croire que cette protection est superflue. Selon ce principe, ceux qui sont pris lors d’un contrôle risquent de perdre leur statut de réfugié. Or selon Francken, de plus en plus de ces « vacanciers » se font prendre. En 2016, le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) a signalé 56 cas de fraude à l’asile. L’année dernière, il y en avait 134 et 115 au cours des six premiers mois de cette année. « Si nous extrapolons les chiffres, nous obtiendrons probablement 250 dossiers pour 2018 », déclare le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA). « En comparaison avec 2016, nous allons presque atteindre un quadruplement du nombre de fichiers. »

Depuis 2016, le CGRA a retiré le statut de 103 des 305 réfugiés qui ont été capturés, 135 cas font encore l’objet d’une enquête et 67 réfugiés ont finalement conservé leur statut.

Une règle qui ne souffre plus aucune exception

Est-ce pour autant que davantage de réfugiés se rendent dans leur pays d’origine? Pas nécessairement. On doit surtout cette hausse à une meilleure coopération avec les pays voisins, indique le cabinet Francken au Morgen. Pour rester sous le radar, de nombreux réfugiés partent en effet d’aéroports situés dans des pays voisins. Afin de lutter contre cette tendance, notre pays a déjà signé un accord de coopération avec les Pays-Bas et l’Allemagne qui ont transmis de nombreux dossiers. Le cabinet Francken soupçonne que le nombre réel de ces « vacanciers » est cependant plus élevé et veut élargir l’approche européenne. Le mois prochain, une étude sera lancée au niveau européen pour cartographier le phénomène des vacanciers par État membre.

Ces statistiques oublient néanmoins un peu vite que toutes ces personnes ne retournent pas par plaisir, mais bien forcées par un choix souvent cornélien. « Nous connaissons une femme syrienne qui a dû laisser ses enfants lors de sa fuite et a tenté d’organiser un regroupement familial. Mais la procédure était tellement longue et ses enfants dans une position à ce point intenable, qu’elle a décidé de revenir « , dit Charlotte Vandycke d’une organisation qui aide les réfugiés en Flandre.

« Jusqu’à récemment, un réfugié pouvait, en cas de force majeure, demander une autorisation au CGRA pour un voyage vers son pays d’origine. Quelques exceptions ont ainsi été autorisées, mais ce n’est malheureusement plus du tout le cas aujourd’hui. »

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