Les utilitaires légers ont le vent en poupe. © Yannick Brossard

Le transport de marchandises passe aussi à l’électrique

Urbain Vandormael
Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Les années impaires, le Brussels Motor Show fait la part belles aux utilitaires légers. Pour certaines marques, ceux-ci représentent un quart, voire un tiers, du chiffre d’affaires.

La vente et l’après-vente s’inscrivent dans une relation B2B. Une visite au salon de l’auto est considérée comme une prise de contact avec l’offre sur le marché, indépendamment de négociations commerciales. Cependant, il est d’ores et déjà clair que celles-ci seront à l’avenir placées sous le signe d’une écologisation du parc automobile.

La vente d’utilitaires légers jusqu’à 3,5 t a le vent en poupe. Par rapport à il y a dix ans, le nombre d’immatriculations a augmenté de plus de 10.000 unités pour atteindre 77.936 en 2018, tandis que celui des utilitaires de plus de 3,5 t a baissé de manière spectaculaire passant de 5.946 unités à 4.238. Cette évolution est une conséquence directe de l’introduction de la taxe kilométrique pour utilitaires au-dessus de 3,5 t.

Les utilitaires légers échappent à celle-ci. Ils peuvent par ailleurs prendre la route sans licence de transport et ne sont pas tenus de respecter des temps de conduite et de repos. Ils sont de plus en plus utilisés comme outils flexibles pour les livraisons à domicile. Celles-ci ne cessent d’augmenter suite à l’explosion des ventes en ligne de biens de consommation. Le client compte sur une livraison – gratuite – de son colis le lendemain à son domicile, tout en sachant pertinemment que la gratuité n’existe pas.

Mercedes eVito
Mercedes eVito© Patrick Theunissen

Les services de messagerie se trouvent entre le marteau et l’enclume et mènent une course contre la montre, avec toutes les conséquences qui en résultent. Les embouteillages s’allongent de jour en jour et l’insécurité routière est à nouveau en hausse dans les zones rurales et les quartiers résidentiels. Il est grand temps que les consommateurs prennent conscience des réperrcussions de leur comportement d’achat et que les autorités prennent des mesures en vue d’une indemnisation correcte des transporteurs. Ces derniers doivent à leur tour organiser plus efficacement la distribution des marchandises.

Les services de messagerie se trouvent entre le marteau et l’enclume

Sur mesure

Les utilisateurs professionnels se soucient avant tout de la capacité d’adaptation et de la charge utile pratique des camionnettes et utilitaires légers. Le Mercedes Sprinter par exemple se décline en 1.700 variantes, à grand renfort de 600 options. En réalité, les utilitaires sont fabriqués sur mesure en fonction des besoins du client, à l’instar des possibilités de personnalisation des marques de voitures de luxe. Tout est possible, à condition que le client soit prêt à payer un supplément.

Les utilitaires doivent en outre être économiques, fiables et robustes. Et ils le sont. Après leur disparition de nos livres comptables, ils connaissent généralement une deuxième et une troisième vies en dehors de l’Europe. Le Ford Transit de Genk est toujours largement présent dans le paysage turc. En Afrique du Nord, les marques françaises sont majoritaires.

Ford Transit Nugget, ou comment une camionnette est transformée en camping-car.
Ford Transit Nugget, ou comment une camionnette est transformée en camping-car.© Patrick Theunissen

En plus d’être fiables, les utilitaires légers sont devenus ces dernières années plus sûrs et plus confortables. De plus, ils embarquent désormais les mêmes systèmes d’assistance à la conduite et d’infodivertissement que ceux qui équipent les voitures. Ils sont connectés en ligne avec le siège de leur société, ce qui permet au dispatching central d’adapter leurs itinéraires en fonction de missions urgentes ou de la densité du trafic.

Les camionnettes blanches sèment la terreur

La pression liée au temps ne favorise pas la sécurité routière. Il arrive aux chauffeurs de passer 12 à 14 heures au volant. Il ressort en outre de contrôles de police et de procès-verbaux qu’un grand nombre de camionnettes et d’utilitaires légers transportent davantage de marchandises que ce que permet la loi, que ce fret n’est pas arrimé correctement et que les passagers ne respectent pas l’obligation d’attacher leur ceinture.

Bien que nous ayons affaire ici à des spécialistes, ils ne font pas preuve sur ce plan d’une attitude professionnelle et constituent en réalité une menace pour leur propre santé et sécurité ainsi que pour celles des autres usagers de la route. La peur des camionnettes blanches est fortement ancrée chez de nombreux automobilistes.

Il incombe aux autorités de prendre d’urgence des mesures plus strictes. Le respect des distances de sécurité et des limitations de vitesse doit être davantage contrôlé et les infractions sanctionnées plus sévèrement. Combien de victimes sur nos routes faudra-t-il encore déplorer avant que la Commission européenne ne bannisse de la route tous les camions qui ne sont pas équipés d’un système de freinage d’urgence automatique ?

Les marques collaborent davantage

Le crédo « On n’est jamais mieux servi que par soi-même » est dépassé par les faits. Les défis en matière d’émissions de gaz d’échappement nocifs, de propulsion alternative et de conduite autonome contraignent les constructeurs à renforcer leur collaboration. Les marques premium coopèrent avec des marques grand public comme c’est le cas de Mercedes et Renault, tandis que des constructeurs européens s’allient à des collègues américains ou asiatiques. Il n’y aucun mal à cela tant que ce type de partenariat débouche sur une situation gagnant-gagnant (pour toutes les parties prenantes, le client en premier lieu) en termes de qualité, de sécurité, de durabilité et de prix.

Écologisation du parc

Les utilitaires constituent une partie importante des activités et des revenus des grandes marques telles que Fiat, Ford, Mercedes, PSA (Peugeot, Citroën, Opel), Renault et VW. Pour le moment, les constructeurs asiatiques – à l’exception de Nissan allié à Renault – ne tentent pas de s’implanter sur ce segment de marché, bien qu’une révolution technologique s’y profile également.

Avec un part de marché de 13,5% aujourd'hui, Renault est leader sur le segment des véhicules utilitaires légers depuis 2014.
Avec un part de marché de 13,5% aujourd’hui, Renault est leader sur le segment des véhicules utilitaires légers depuis 2014.© Patrick Theunissen

Plusieurs marques, Renault en tête, ont déjà doté un certain nombre de modèles (Twizy Cargo, Kangoo Z.E. et Master Z.E.) d’une propulsion électrique. Les constructeurs satisfont ainsi la demande du secteur. Certains vont plus loin et présentent au Brussels Motor Show des concept-cars qui apportent une réponse au défi du « dernier kilomètre ». Dans le cas du Renault E.Z. PRO, il s’agit d’un robot-véhicule 100% électrique, connecté et autonome qui se recharge par induction. Il est destiné à livrer des colis en ville dans un souci de transport propre et silencieux.

Sur le stand de Mercedes, vous pouvez découvrir les nouveaux eVito et Sprinter. Chez Citroën, tous les regards sont tournés vers le Berlingo, tandis que Peugeot braque ses projecteurs sur les Rifter et Partner. Parmi les autres modèles intéressants, citons encore les Fiat Talento Shuttle, Ford Transit Custom Plug-In Hybride et Transit Custom Nugget Camper, Nissan e-NV200 et Opel Combo Life. Volkswagen Commercial Vehicles expose 25 modèles, dont les Caddy, Transporter et Crafter électriques.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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