Werner Van Damme: "Il n'existe pas de médicament contre les 4x4." © dr

La passion du 4×4, un « microbe » incurable

Werner Van Damme possède une formation de mécanicien automobile. L’idéal pour marcher sur les traces de son père qui était spécialisé dans les marques anglaises aux noms prestigieux mais à la réputation mitigée en termes de fiabilité. Avec Land Rover, Werner a découvert les possibilités et les avantages de la transmission intégrale. « Le 4×4 est tel un microbe. Quand vous êtes touché, aucun médicament ne peut vous guérir. »

Il y a dix ans, Werner Van Damme revendait son garage Jaguar Land Rover, situé à Termonde. Ses problèmes de santé étaient directement liés au stress provoqué par la masse de travail et les obligations toujours plus strictes des distributeurs envers les marques. « Le garage tournait bien et je gérais en parallèle un service de dépannage. Je devais donc être prêt à partir à toute heure, de jour comme de nuit. Je travaillais parfois 24 h/24. Et je pouvais compter sur les doigts d’une main mes WE libres. Mon épouse gérait l’administration et les comptes.

Les gens ne voient souvent que le bon côté des choses du métier d’indépendant : une grosse voiture et de bons restaurants. Mais le fait qu’il travaille souvent 80 h par semaine, personne n’en parle. Et quand on est concessionnaire d’une marque, on n’est plus le patron de son entreprise. Il y a encore quinze ans, il était possible d’imposer ses conditions à l’importateur. Aujourd’hui, c’est le contraire. Le département Marketing du siège décide à quoi doit ressembler votre showroom, quelle doit être la couleur du revêtement du sol, quelles doivent être les compétences vos collaborateurs… Cela a fini par me porter sur les nerfs. J’en avais également assez de toutes ces règles édictées par ces pinailleurs des ministères compliquant encore plus la vie des indépendants qui travaillent dur. »

Mais vous n’avez pas pu profiter de la spectaculaire croissance du marché des SUV…

« En effet, nous n’avons pas pu récolter ce que nous avons semé. Mais il ne faut pas avoir de regret. Une fois que notre décision a été prise, nous avons totalement changé de vie dont la qualité est aujourd’hui bien meilleure. Nous veillons souvent sur nos petits-enfants et nous voyageons. Et puis, j’ai désormais enfin le temps de me consacrer à mon hobby. Je roule en Land Rover Defender et j’aide quelques amis à assurer la maintenance de leur ancêtre. J’apprends aussi aux acheteurs potentiels et aux propriétaires de SUV à découvrir et exploiter les possibilités en tout-terrain de ces véhicules de nouvelle génération. Land Rover organise notamment des cours de conduite 4×4 pour ses clients. »

Des chevaux de trait à 4 roues

Les premiers SUV n’étaient pas destinés en réalité à circuler sur les routes.

Werner Van Damme
Werner Van Damme

« La Jeep Willys et le Land Rover Defender étaient des véhicules utilitaires assez rudimentaires. Bref, des chevaux de trait à 4 roues sur lesquels on pouvait compter partout et tout le temps. Ces véhicules devaient être extrêmement robustes et peu onéreux à l’entretien. Leur mécanique devait être simple pour réduire le risque de panne et que l’on puisse aisément les réparer. La facilité d’utilisation et le confort n’arrivaient qu’au second plan.

Mais au fur et à mesure que des utilisateurs professionnels spécifiques comme les gardes-chasses, les gardes-forestiers, les fruiticulteurs ou les géomètres par exemple découvraient les possibilités offertes par les précurseurs des SUV modernes, divers constructeurs américains, européens et japonais ont vu qu’il existait un marché à prendre. Le Renegade et le Cherokee de Jeep, le Mercedes Classe G, le Mitsubishi Pajero, le Nissan Patrol et le Toyota Land Cruiser sont devenus des modèles très populaires. Ils possédaient d’excellentes qualités en tout-terrain, se montrant aussi adaptés comme voiture familiale. On avait donc deux voitures pour le prix d’une !

Et puis la première génération de Range Rover a établi de nouvelles références dans cette niche en matière de sécurité, de performances, de luxe et de confort.

À mes yeux, c’est le Toyota RAV4 qui a marqué vraiment le début de l’essor des SUV. Les tout-terrains de première génération étaient adaptés aux tâches difficiles et disposaient d’un arsenal de systèmes et d’équipements spécifiques. Il fallait être un spécialiste pour exploiter pleinement les possibilités de ces modèles. Le RAV4 était, dans tous les domaines, inférieur au Land Cruiser, mais grâce à son électronique moderne, il était plus facile à utiliser. Plutôt que de devoir faire dix manipulations, il suffisait désormais d’appuyer sur un bouton pour ajuster les réglages du véhicule et l’adapter au terrain. Dès cet instant, les femmes ont aussi pu conduire un SUV. Le marché a vu ensuite arriver la série X de BMW, le Nissan Qashqai et d’autres SUV. Le succès était au rendez-vous.

Dans un SUV, on est assis plus haut, on a une meilleure vision sur la circulation, on fait forte impression sur les autres usagers et on bénéficie d’une sécurité renforcée. La structure du châssis est nettement plus résistante. Un SUV se révèle plus solide qu’une voiture classique. Et je sais de quoi je parle puisque j’ai dépanné des centaines de voitures. J’ai pu constater à quel point les occupants d’un SUV sont mieux protégés en cas d’accident. Un jour, un client qui venait de subir une perte totale a directement passé commande d’un nouveau Range Rover. Selon ses propres mots, il devait la vie à la robustesse de son SUV. »

Mais les SUV consomment un peu plus de carburant.

« Peu de gens y font attention. Et de toute façon, les constructeurs ont anticipé les critiques des organismes écologiques en produisant des moteurs plus petits qui consomment moins, émettent moins de gaz d’échappement et sont malgré tout plus puissants. Le nouveau Range Rover Velar en est un parfait exemple. Il est proposé avec un moteur Diesel de 2 l qui développe 240 ch et fonctionne très bien. L’époque où les SUV consommaient 15 l est révolue. Un SUV compact consomme aujourd’hui maximum 7,5 l/100 km. »

La faute au diesel

Les SUV ne sont-ils pas souvent utilisés de manière finalement inadéquate?

« Je le concède. En 40 ans, j’ai vu le 4×4 évoluer d’un véhicule rudimentaire vers un produit « tendance ». Son caractère utilitaire a disparu. Aujourd’hui, on utilise son SUV pour le trajet domicile-travail, emmener les enfants à l’école ou aller faire les courses. C’est devenu un véhicule familial et convivial que l’on utilise au quotidien. L’immense majorité des possesseurs de SUV n’ont jamais fait un mètre en tout-terrain. »

 » La majorité des conducteurs de SUV n’ont jamais fait un mètre en tout-terrain.  »

Pourquoi dès lors continuer à dépenser pour une transmission intégrale?

« Je suis et reste un fervent défenseur de la transmission intégrale. Ce système garantit une meilleure adhérence dans toutes les conditions de circulation et par tous les temps. Avec une transmission intégrale, la voiture est plus stable en virage et on ne perd jamais l’adhérence. Les systèmes de transmission intégrale les plus récents réagissent extrêmement rapidement en fonction de conditions d’adhérence et garantissent une répartition idéale de la puissance entre les roues avant et arrière. Tous ces arguments sont en faveur d’une telle transmission. Pourtant, seulement un acheteur de SUV sur quatre opte pour la version 4×4. »

Les diesels consomment moins mais sont critiqués pour leurs fortes émissions de NOx. Les motorisations de substitution coûtent plus cher mais s’accompagnent d’avantages fiscaux. Pour les acheteurs potentiels, le choix est difficile.

« Il y a quelques années encore, le diesel était fiscalement avantagé. Aujourd’hui, c’est au tour de l’hybride ou de la voiture 100 % électrique. Qui sera demain l’heureux élu ? Je dois malheureusement constater que nos autorités n’ont aucune vision à long terme en matière de mobilité et de fiscalité automobile. Celui qui dit « blanc » aujourd’hui dira « noir » demain. Les moteurs Diesel consomment moins et émettent donc moins de CO2. Mais ils ont aujourd’hui mauvaise réputation à cause de leurs émissions de NOx élevées, nocives pour la santé. Les moteurs à essence consomment plus et émettent plus de CO2 mais pas de NOx, et sont donc considérés comme moins polluants. Je me demande si nous aurions eu ce débat sans le dieselgate. Je suis le dernier à vouloir excuser une fraude mais il semble aujourd’hui normal de penser que nous allons tous mourir d’un cancer à cause du diesel et des NOx. »

Des inconvénients et des avantages

Dernière question: un SUV est-il un bon investissement?

« Acheter une voiture est rarement un investissement intéressant. À moins évidemment d’acheter bon marché un modèle rare ou de bien connaître le secteur des oldtimers. Mais avec une Porsche 911 ou un Land Rover Defender, on peut dire « bingo » : plus ces modèles prennent de l’âge et plus leur valeur augmente. Mais d’après ce que je vois, un SUV perd en moyenne moins vite de la valeur et tombe moins rapidement en panne. Évidemment, ce constat n’est pas valable pour ceux qui font du franchissement en tout-terrain. J’ai l’impression que les conducteurs de SUV moyens adoptent une conduite moins agressive et sont moins souvent impliqués dans des accidents. Et en cas de collision, un SUV offre une meilleure protection à ses occupants. Mais de l’autre côté, les SUV consomment vite un petit litre de carburant en plus et se révèlent plus chers à l’achat qu’une voiture conventionnelle. Ils possèdent donc des inconvénients et des avantages. »

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