© Axel Wierdemann/Opel

Joyeuse rentrée ?

Événement : plus de cent grandes premières sont attendues à Paris lors du prochain Mondial de l’Automobile qui s’ouvre samedi 29 septembre. Jusqu’au dimanche 14 octobre, l’occasion exceptionnelle de découvrir les toutes dernières nouveautés. Une vraie dynamique pour un secteur toujours à la recherche de nouvelles potentialités.

Organisé en alternance avec la grand-messe de Francfort, l’autoproclamé « Mondial de l’Automobile » – installé dans les palais de Paris Expo à la porte de Versailles – s’apprête à accueillir plus d’un million de visiteurs. Un succès qui conforte le salon dans son statut de rendez-vous automobile européen le plus populaire. Après les fortes perturbations consécutives à la crise économique, le salon reprend aujourd’hui vigueur.

Un avenir sous haute surveillance

Belles perspectives : les marques absentes lors de la précédente édition répondent à nouveau à l’appel, les surfaces d’expositions sont en augmentation et le nombre de premières mondiales atteint un chiffre record. Toutefois, malgré ce bel élan, tout le secteur retient son souffle. Faute d’une réactivité plus dynamique face à la crise, de nombreuses marques ont été confrontées à une surcapacité de production. Ainsi, en début d’année, Sergio Marchionne, le patron de Fiat, estimait qu’il fallait « réduire de 10, 15 voire 20 % les capacités de production » en Europe. Le constat est imparable : entre 2007 et 2011, le marché s’est contracté de 16 à 13,5 millions de véhicules. Et la tendance n’est pas prête à s’inverser : en 2012, sur les six premiers mois, le marché européen reculait encore de près de 7 %.

Contrairement aux trois grands constructeurs américains (Ford, General Motors et Chrysler) qui avaient fermé de nombreuses usines au plus fort de la crise pour les rouvrir progressivement aujourd’hui, les marques installées en Europe se sont limitées à réduire au maximum la voilure (recours au chômage partiel, fermeture de certaines lignes de production…) tout en maintenant les usines en activité. Une situation qui s’est révélée intenable sur le long terme : après l’usine Mitsubishi de Born, au Pays-Bas (qui cesse ses activités fin 2012), c’est celle de PSA à Aulnay qui s’apprête à fermer définitivement ses portes. Cette triste saga qui a débuté avec la fermeture d’Opel à Anvers devrait encore connaître quelques amers rebondissements dans les prochains mois.

En Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Suède, des milliers de travailleurs vivent dans l’angoisse d’une nouvelle fermeture. Une situation quelque peu paradoxale à l’heure où les constructeurs européens n’ont jamais vendu autant de voitures… Mais l’augmentation du volume se fait aujourd’hui davantage sur les marchés émergents (Chine, Brésil, Russie, Inde…) pour lesquels de nouvelles usines sont très souvent construites sur place. Ces dernières fournissent aussi le marché européen où la production se délocalise progressivement. Renault a, par exemple, inauguré une toute nouvelle usine à Tanger, au Maroc, en début de l’année. A terme, selon certains prévisionnistes, seule la production de modèles haut de gamme, nécessitant une main d’oeuvre plus qualifiée et dégageant de plus grandes marges bénéficiaires, devrait rester viable en Europe.

De nouveaux fers de lance

Malgré un contexte périlleux, de nouveaux engins s’apprêtent à redynamiser les ventes sur le marché européen. Ainsi, Volkswagen présente la septième génération de son modèle phare : la Golf. Renault, de son côté, compte sur sa nouvelle Clio pour rivaliser avec la récente 208 de Peugeot. Alors que, de son côté, Opel joue son va-tout avec l’Adam : une petite compacte délurée personnalisable à l’infini. Autant de productions européennes qui devraient booster le secteur.

En plus de ces modèles issus des gammes traditionnelles, le Salon de Paris sera également l’occasion pour Renault de lancer sa véritable croisade électrique. Après la (trop) grande berline Fluence (fabriquée presque sur-mesure pour Israël) et la (très) petite Twizy à deux places, la Zoé s’apprête à démarrer sa carrière. Compacte, offrant une autonomie théorique davantage alléchante (210 km) et proposée à un tarif abordable (+/- 20 000 euros), cette Zoé pourrait constituer la première étape d’une nouvelle mobilité urbaine. Au Mondial de l’automobile, cette mobilité « propre » est à découvrir et à essayer sur les 11 000 m² réservés aux voitures électriques ou hybrides.

Révolution familiale En plus des nouveaux modes de propulsion, le design des carrosseries ne cesse d’évoluer. Exemple : Mercedes et Porsche, avec le concept de break de chasse, présentent sur base des modèles CLS et Panamera des versions aux lignes fluides et élancées offrant un grand coffre.

Par ailleurs, l’explosion de la segmentation automobile laisse désormais un choix plus vaste aux familles. Ainsi, pour embarquer enfants et bagages, il n’est plus nécessaire d’opter pour les seuls encombrants grands monovolumes et breaks. Des modèles plus compacts, pouvant offrir jusqu’à sept places, sont développés aujourd’hui. À l’heure des familles recomposées, où en fonction des agendas la « cellule » peut s’étendre d’un jour à l’autre – par exemple – de deux à cinq enfants, les voitures modulables ont davantage la cote. Les constructeurs rivalisent dès lors d’ingéniosité pour séduire ce marché : portières sans montants, sièges escamotables dans le plancher, rehausseurs intégrés, trappes de rangement en tous genres, fixation Isofix, écrans à profusion… A moins que la véritable révolution pour le segment soit, au contraire, celle de la simplicité et des prix cassés ? Avec sa double offre de familiales, Dokker et Lodgy, disponibles pour moins de 10 000 euros, Dacia pourrait bien emporter la palme.

Jean-François Christiaens

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire