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Après le scandale, Volkswagen cloué au pilori

Urbain Vandormael
Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Il y a seulement une semaine, le PDG de VW, Martin Winterkorn, recevait une standing ovation lors de l’avant-première des nouveaux modèles et des nouvelles technologies de son groupe automobile. On spécule désormais ouvertement sur un possible licenciement, suite au scandale mondial des normes antipollution.

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. L’EPA (Environmental Protection Agency) accuse le constructeur automobile allemand Volkswagen de manipulation des taux d’émission de ses moteurs diesel. Cette manipulation a été mise en lumière lors de tests comparatifs sur route et en laboratoire par les services compétents. Dans des spots publicitaires, Volkswagen vante les mérites de ses voitures diesel en les qualifiant de ‘Clean Diesel’, alors que l’émission de gaz d’échappement nocifs se révèle jusqu’à 40 fois plus élevée dans des conditions de conduite et météorologiques réalistes. Les modèles concernés: Golf 2.01 TDI, Jetta, Beetle et Audi A3. Au total, il s’agit de 11 millions de voitures à travers le monde.

La honte pour le ‘made in Germany’

Les moteurs diesel représentent un quart des ventes de VW aux États-Unis. Mais l’an dernier, ces ventes ont reculé de 10%. Ce déclin a été l’une des motivations de l’ancien président du conseil de surveillance du groupe, Ferdinand Piëch, pour remettre ouvertement en question la position de son bras droit d’alors et homme de confiance, Martin Winterkorn.

S’en est suivi une courte, mais solide, lutte de pouvoir au sein du conseil d’administration de Volkswagen AG, qui s’est, de façon inattendue, soldée en faveur de Winterkorn. Quelques mois plus tard, tout indique qu’il s’agissait en fait d’une victoire à la Pyrrhus…

Sous la pression de preuves irréfutables, le PDG de VW a admis la manipulation, ce qui a soulevé une tempête d’indignation. Les réactions désapprobatrices sont venues de toutes parts: des propriétaires américains de ces voitures, qui pensaient avoir acheté des véhicules qui respectaient certains standards écologiques ; des dirigeants politiques aux États-Unis et en Allemagne ; des associations écologistes et de consommateurs ; et des autres marques automobiles allemandes enfin, qui reprochent à Volkswagen d’avoir sérieusement terni le blason de l’industrie automobile allemande et d’avoir apporté la honte sur le ‘made in Germany’.

Scandale sans précédent

On ne sait pas encore si Volkswagen a également manipulé ses modèles diesel pour le marché européen. Ce qui est certain, c’est que nous avons affaire ici à un scandale sans précédent. Que le numéro un mondial use de ce type de pratique ne peut en aucun cas être accepté et doit être sévèrement puni.

Aux États-Unis, en plus de milliards de dollars d’amende, Volkswagen s’attend à d’innombrables plaintes de conducteurs dupés et une immense perte d’image dont l’ampleur est difficilement estimable aujourd’hui. Selon un correspondant de la télévision allemande ARD, la justice américaine devrait assigner le PDG de VW Martin Winterkorn. On suppose en effet qu’il devait être un minimum au courant de la manipulation. Une enquête complémentaire devrait montrer s’il a donné, ou non, l’ordre de le faire.

La justice US est connue pour ne pas être tendre envers ceux qui violent la législation environnementale de manière organisée et, dans ce cas, aussi de manière scandaleuse. Pour Volkswagen et le PDG Winterkorn, l’addition risque d’être très salée.

Le scandale aura également des conséquences en Europe et en Asie pour la crédibilité de Volkswagen et la confiance du consommateur. Le ministre des Transports allemand Alexander Dobrindt a déjà fait savoir qu’il ferait examiner tous les modèles diesel de VW par un institut indépendant.

Les investisseurs allemands ont logiquement réagi de manière virulente. L’action VW a chuté de presque 20% à la bourse de Francfort lundi, une perte record historique, et a poursuivi sa dégringolade ce mardi.

Forcément, cela a suscité une grande inquiétude auprès des 270.000 travailleurs de VW en Allemagne, qui voient dès lors leur emploi menacé. Par ailleurs, le groupe automobile emploie 650.000 personnes de par le monde.

Et maintenant ?

Vendredi, le conseil de surveillance de Volkswagen AG se réunira pour une évaluation de la situation. Il est prévu que la position du président Winterkorn soit tranchée, à moins qu’il ne démissionne avant. Après les événements des derniers jours, tous les scénarios doivent être pris en compte.

Ici et là, on entend également que d’autres marques manipuleraient les chiffres des émissions de leurs moteurs diesel, mais les preuves tangibles manquent pour le moment. Une chose est cependant certaine: des jours sombres attendent VW, et il est peu probable que le groupe conserve la place de leader mondial en fin d’année.

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