À quel point votre voiture est-elle insalubre?

Urbain Vandormael
Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Un Belge sur trois souffre de l’une ou l’autre affection allergique au sein de sa voiture. Et il ne s’agit pas seulement d’émission de gaz d’échappement nocifs, mais aussi de composés organiques volatils (COV) émis par le revêtement et le tableau de bord.

Les voitures de fabrication européenne dégagent une odeur différente de celles qui ont été produites en Asie. C’est un fait. Certaines marques telles que Citroën, Peugeot et Mercedes-Benz intègrent même un brumisateur pour diffuser du parfum dans sa voiture. Ce dispositif se révèle également utile pour lutter contre l’odeur désagréable émise par certains matériaux et pièces dans l’espace passager. L’émission des composés organiques volatils et l’odeur peuvent durer jusqu’à un an. Plus inquiétant encore, ils peuvent irriter les voies respiratoires et provoquer des maux de tête.

Les nouvelles voitures émettent le plus de composés organiques volatils

Selon le chercheur Karl Sander de l’institut de recherche renommé Technische Überprüfungsverein (TÜV) à Cologne, ce fait est dû à une proportion défavorable entre la surface des matériaux et le volume intérieur d’une voiture. « Le volume d’un espace vide de quatre mètres sur quatre et d’une hauteur de trois mètres – sans portes et fenêtres – s’élève à 48 mètres cubes. Si vous additionnez la surface de toutes les parois, vous obtiendrez 80 mètres carrés, ce qui donne un rapport de 1,66 mètre carré par mètre cube. Dans une voiture moyenne, le volume d’intérieur de 2 mètres cubes donne une surface de 20 mètres carrés, y compris la surface du tableau de bord et des sièges, ce qui résulte en un rapport de 10 mètres carrés par mètre cube. Par conséquent, le risque de réaction allergique par les voies respiratoires est relativement élevé. Les nouvelles voitures émettent le plus de composés organiques volatils. L’émission diminue progressivement et généralement elle disparaît complètement après un an ».

Ennuyeux et insalubre

Outre les réactions allergiques susmentionnées, on note d’autres formes d’irritation, à savoir démangeaisons, rougeurs, ampoules et petites enflures. Celles-ci sont causées par le contact de la peau avec le volant, le levier de vitesse ou le revêtement des sièges. En plus d’être ennuyeuses, les allergies peuvent également causer des situations dangereuses. Éternuer en plein carrefour détourne l’attention pendant quelques fractions de seconde, ce qui suffit pour renverser un piéton ou un cycliste qui traverse ou encore heurter une voiture qui précède.

Que font les constructeurs automobiles?

Il existe peu de littérature ou de réglementations concernant les « allergies voitures ». Nous savons que depuis des années Volvo utilise des matériaux qui n’émettent ni odeur ni substances nocives et que Toyota fabrique des sièges qui neutralisent les acariens, une source importante d’allergie.

À la demande de Ford et pour combler un vide dans la législation, TÜV Cologne a développé un label allergie. Pour l’obtenir, un nouveau modèle doit répondre à une série de critères. Ainsi les substances provoquant des allergies sont limitées au maximum. La vérification des pièces et des matériaux a lieu – en fonction de leurs dimensions – dans des boules en verre ou dans un poumon en fer. Pour le test de la peau, les fragments des matériaux sont collés sur le dos de cobayes humains. Après 24 heures, les fragments sont retirés et les participants à l’étude subissent des analyses pendant quelques jours. S’il y a une réaction allergique, les chercheurs examinent de quelle substance celle-ci provient et la remplacent jusqu’à ce que les cobayes ne présentent plus de réaction allergique.

Dès que toutes pièces et les matériaux obtiennent le feu vert, ils sont incorporés dans les modèles. Une fois que la voiture est prête, elle subit encore un test pour mesurer l’émission de substances nocives et de gaz pendant qu’elle roule. Lors de cette dernière analyse, l’institut de recherche vérifie si des substances de l’extérieur peuvent s’infiltrer à l’intérieur et si l’aération fonctionne bien. Si le nouveau venu respecte les normes établies, TÜV Cologne fournit le label allergie et offre la garantie au client que sa nouvelle voiture ne provoque pas de réactions allergiques.

Renseignements pris auprès de quelques vendeurs de voitures, nous apprenons que le consommateur semble attacher peu d’importance à un environnement sain dans la voiture. Souvent, il n’a jamais entendu parler de filtres qui empêchent les gaz d’échappement nocifs ou les pollens de s’infiltrer dans la voiture. Il n’est pas conscient non plus de l’impact nocif de certains matériaux sur la santé. Et c’est pourquoi les constructeurs prennent peu ou pas d’initiatives pour informer ou sensibiliser le consommateur… Mais cela peut encore venir. Pensez à l’attitude hostile du grand public lors du lancement de la ceinture de sécurité et de l’airbag. Là aussi, il a fallu un peu de temps avant que les médias ne réussissent à convaincre les consommateurs des avantages de ces innovations.

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